Portrait Memento de Magali

{ Portrait de Magali }

Ce portrait a été réalisé à l'occasion d'un atelier au M33 en mai 2020.

#memoiredeconfinement #veillesociale #noublionspas

{ Injustice sociale }

POURQUOI AI-JE CHOISI LE MOT "Injustice sociale " ?

Inégalité(s) parce que de toute évidence, au sein de ce pays qui a pour valeurs affichées : « Liberté, Egalité, Fraternité », nous n’avons pas tous les mêmes droits. La liberté a été entravée pour chacun lors de cette crise sanitaire, mais le gouvernement n’a pas géré la pandémie, mais a géré la pénurie, car il n’a pas été capable d’anticiper les besoins pour faire face à cette crise (tests, masques). Une liberté entravée en imposant un confinement « chez soi » à tous, n’a pas la même résonance d’un individu à l’autre. Parce qu’on n’a pas les mêmes « chez soi », parce que beaucoup n’ont même pas de « chez eux ». En colère, quand je voyais sur les réseaux, des personnes installées dans leur jardin attenant à leur maison, critiquer « l’inconscience et l’incivilité », voire même citer la « débilité » de familles ou jeunes de quartiers populaires s’emparer des places et parcs s dans leurs quartiers pour RESPIRER. Et oui, on ne respire pas pareil dans un plus de 100m² à 4 avec terrasse ou jardin que dans un 60m² sans extérieur, à plus nombreux ! J’ai été choquée par l’absurdité des amendes de 135 Euros infligées aux personnes sans domicile fixe. J’ai été fâchée qu’on refuse l’accès à des supermarché à des parents solos ! C’est quoi cette discrimination ?

QUELLE EST MA VISION DE LA CRISE ACTUELLE ?

Je suis écœurée et révoltée face au nombre de familles, de personnes qui avaient faim, sans autre solution que de faire appel à la solidarité de citoyens, faute de système adapté par les institutionnels et les grosses associations nationales subventionnées. Entre les structures fermées, d’autres qui imposait aux personnes de se déplacer malgré le peu de transports communs pour récupérer un colis lourd à porter. Sans parler des lieux de distribution où les gens étaient obligés de faire la file pendant des heures sur l’espace public. Elle est où la dignité humaine ??? C’est quoi le message : Quand t’es en galère et que tu as faim, ça se mérite de bénéficier de la « Charité » (je déteste ce mot !) ??? Comment en France, en 2020 on peut laisser des gens avec la faim qui les tiraille ?! Comment peut-on accepter que des mamans n’aient pas de couches pour changer leurs bébés et du lait ou petits pots ?! Comment peut-on supporter que des femmes ne puissent se procurer des protections hygiéniques ?! Comment peut-on supporter que des étudiants, l’avenir de notre société aient la dalle ?! Comment peut-on laisser nos aînés isolés et en difficulté ?! Que plus jamais on ne m’argumente que la France est un pays d’assistés ! Moi j’ai vu trop oubliés et abandonnés du système ! D’ailleurs avec les copains, des associations de terrain, on s’est souvent sentis bien seuls aussi. Comment ne pas se sentir responsables et ne pas répondre à l’appel d’une famille en galère qui a faim ?! Tu t’épuises, tu mets de ton fric et de ton investissement au sacrifice de ta propre famille. Il m’est arrivé plusieurs fois de rentrer à 22h et de me rendre compte que mon frigo est vide, (sans parler de mon compte en banque), alors que j’assume seule ma fille. C’est aussi ça la réalité des gens de terrain ! Evidemment quand tu côtoies les personnes vraiment en galère, tu relativises sur ta situation, mais faut quand même le dire. Alors c’est bien gentil les discours de hauts fonctionnaires ou de politiciens qui félicitent l’engagement de la société civile, mais ils n’imaginent le prix à payer pour nous. Sans parler de l’aspect psychologique. Ça marque et ça choque d’être confronté à la vraie misère. Combien de fois j’ai craqué dans ma voiture après avoir livré un colis à des familles. Le pire c’est quand tu annonces que tu arrêtes parce que tu dois reprendre le boulot pour toi aussi assurer le quotidien de ton foyer. Tu culpabilises parce que tu sais qu’ils auront encore faim les semaines suivantes. Ça m’a traumatisé, vraiment ! La seule chose un peu jolie dans tout ce bordel, c’est la solidarité. De beaux élans. Je retiens cependant que la majorité des personnes qui ont donné, ne sont pas celles qui avaient le plus. Pour un appel aux dons de couches et de produits d’hygiène, l’essentiel de la mobilisation était dans les quartiers populaires. : les mailles à Hautepierre, cité Ampère, Elsau, et Port du Rhin. Comme dit mon pote Désiré : « c’est les « un peu moins » pauvres qui donnent aux « un plus » pauvres ! » Je retiens aussi toutes les belles rencontres avec ceux qui avaient besoin et ceux qui ont donné, les copains du terrain. Juste je sais que c’est pas fini, la crise sociale est devant nous, le chômage explose, les cases pour être pris en charge par les services sociaux sont trop étroites pour permettre aux gens de pouvoir en bénéficier. Je n’oublierai jamais et je ne lâcherai pas le combat ! Je ne veux pas le retour à l’anormal !

Magali

Portrait réalisé le 20 mai 2020

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