POURQUOI AI-JE CHOISI LE MOT "Rage " ?

C'est chaud. Ça pulse dans les veines la rage. Ça commande du mouvement, vite et fort. Ca prend aux tripes la rage. Ca fait des nœuds, des boules, ça remue à filer la nausée. En surdose, ca devient acide. Ca ronge de l'intérieur en dissolvant tout sur son chemin. Cette bile de nos amertumes répétées, ce distillat de l'injuste et de l insupportable. On pourrait facilement la vomir la rage ! La déverser par flots, par spasmes, sur tout ce qui nous entoure et sur les autres. On les regarderait alors se dissoudre sous l'insupportable acidité de nos pensées.

QUELLE EST MA VISION DE LA CRISE ACTUELLE ?

Ca gronde sourdement la rage, comme un moteur dans l'arrière fond qu'on entend presque plus. Et Pan ! Ca reprend vif comme une caisse claire au timbre strident au rythme de la dernière info insupportable, d'une injustice supplémentaire, d un énième constat affligeant, d'une ombre portée de notre gouvernement en carton-pâte. Ca se distille la rage. On l'endigue pour l empêcher d ôter toute substance a tout ce qui nous entoure ; de ronger tous ces châteaux de sable qu'on tente de construire à grand peine sur une plage qui se gangrène inexorablement. Ca protège la rage, ca réchauffe et ça active. Son grondement masque le chant plus éthéré de l'autre produit de nos impuissances répétées. Sa chaleur repousse le froid givrant de sa face cachée, de son passager clandestin : le désespoir. Alors j'enrage, je me consume, je m'active pour ne surtout pas céder à l étreinte paralysante de la détresse d'être une de celles qui ne peut rien ... ou si peu ...

Claire

Portrait réalisé le 11 septembre 2020